L'affectivité et le perroquet
L'éducation positive
Leur langage corporel
Les cris
Le perroquet autonome
Leur besoins
Plaidoyer pour un prisonnier
par Johanne Vaillancourt, béhavioriste aviaire - Octobre 1997
Les êtres humains ont depuis toujours aimé tout régenter, que ce soit les villes, les gens, la nature ou les animaux.
Un jour, l'être humain a senti le besoin d'une compagnie autre que celle de ses semblables. Il a donc décidé d'adopter des animaux mais, naturellement, en leur imposant sa manière d'être et de vivre. Eh oui ! l'être humain est ainsi fait. Il a soif de pouvoir et de dominance. Il ne pouvait donc pas avoir d'animaux de compagnie en les laissant être eux-mêmes. Il devait les contrôler, les soumettre et surtout, leur enlever ce qui est essentiel à tout être vivant, la liberté.
Victimes de leur grande beauté, les perroquets n'ont malheureusement pas échappé à cette volonté de conquête. L'être humain a voulu avoir comme parure dans sa demeure, le plus libre des animaux, l'oiseau. Et quand il eut capturé l'oiseau, ce qu'il trouva de mieux à faire fut de le mettre en cage, lui, l'oiseau qui avait toujours eu des kilomètres de territoire à survoler. Là, l'humain le condamne à l'oisiveté perpétuelle et lui impose des lois qui sont contraires à son instinct de survie, c'est-à-dire ne pas crier, ne pas gruger, ne pas dominer. En fait, tout ce qui est essentiel à sa survie dans la nature, l'être humain le lui interdit. Puis vient le moment où l'humain veut faire de l'oiseau sa créature ; l'humain veut que son oiseau parle comme lui, qu'il mange comme lui, et, qu'à des heures décidées par lui, l'oiseau s'occupe avec des jouets d'humain ; bref, que l'oiseau soit semblable à l'humain.
L'oiseau n'a aucun droit dans le monde des humains. Jamais il ne peut protester ou se plaindre de sa vie. Il doit toujours être prêt à jouer quand l'humain en a envie ; mais si c'est lui qui veut jouer ou avoir de l'attention, il doit refouler ses envies sous peine d'être puni. L'oiseau n'a pas le droit de revendiquer, il doit attendre le bon vouloir de son maître.
Mais les perroquets sont des prisonniers récalcitrants. Ils sont rebelles et se souviennent trop bien du temps de la liberté. Alors, ils développent en captivité des comportements qui leur étaient jusque là étrangers en liberté : picage, obésité, agressivité, cannibalisme et névroses diverses. L'ennui est le pire ennemi du perroquet. Que pourrait-il donc faire pour occuper ses journées, lui qui était pourtant si occupé lorsqu'il était en liberté. Chez les humains, il n'y a rien à faire, rien !
Alors il observe. Toute la journée, il observe. Sa vie est réglée comme en prison au rythme des levers, des repas et des couchers. Il observe et attend son maître. Il attend que celui-ci daigne bien lui accorder une petite heure dans sa journée. Mais que doit-il faire des 23 autres heures?
Alors, de grâce, vous les humains qui lisez ces lignes, soyez indulgents avec votre oiseau. Accordez-lui une apparence de liberté, offrez-lui une vraie vie d'humain. Sortez-le de sa cage le plus souvent possible, donnez-lui de l'espace, laissez-le gagner une petite discussion de temps en temps, laissez-lui l'impression de faire des choix, de décider.
Donnez-lui la chance de vivre avec vous, de partager vos activités, CE N'EST PAS UN CAPRICE, C'EST UN BESOIN ! S'il crie, cherchez à savoir pourquoi. Votre oiseau ne vit pas avec le seul espoir de vous faire suer pour rien. Soyez attentifs à ses besoins et il le sera aux vôtres.
Les perroquets sont très intelligents, ils ont une sensibilité à fleur de peau. Ils ne connaissent pas vos lois et ne reconnaissent pas vos biens de valeur. Ils n'en ont rien à cirer de votre beau piano. Pour eux, c'est un gros morceau de bois et le bois, c'est fait pour être grugé ! Alors soyez humains et offrez-leur du bois à gruger. Leur besoin sera ainsi satisfait et le piano sera sauf. Dites-vous que si votre oiseau mange quelque chose dans votre maison, ce n'est pas de sa faute mais bien de la vôtre puisqu'il ne connaît pas vos lois.
Ce n'est pas difficile d'être heureux avec votre oiseau, un peu de bon sens, une attention particulière à ses besoins naturels, bref, ne lui faites pas subir ce que vous n'aimeriez pas qu'on vous fasse subir. La prison est déjà une peine bien assez lourde à supporter !